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Les Bulls ne chargent plus à vue

Les Bulls ne chargent plus à vue 8 September 2019

LES BULLS NE CHARGENT PLUS À VUE

Coby White a tourné à 15 points et 4,8 passes en cinq matches de Summer League. (Bart Young/Getty Images).

Les Chicago Bulls ont surpris leur monde cet été, et une fois n’est pas coutume, de manière positive. Leur retenue et opportunisme à l’orée des transactions estivales sont les premières et subtiles avancées vers la compétence. Ils ont répondu à un besoin aussi pressant qu’évident en sélectionnant Coby White avec le 7e choix de la draft, et ont offert de raisonnables contrats à des vétérans adéquats lors de la free agency.

Pour la première fois depuis bien longtemps les Bulls ont fait montre de prévoyance, en allouant judicieusement leurs ressources, avant que leurs jeunes talents – comprenez Lauri Markkanen – ne doivent aussi être payés, en 2021. Ils semblent épouser une idée délibérément ignorée ces 20 dernières années : le pragmatisme.

Tout indice de progrès de la part d’une franchise marquée par la dysfonction, la controverse et les ambitions avortées reste évidemment à prendre avec précaution. Depuis la deuxième retraite de Michael Jordan en 1999, Chicago possède le 8e plus mauvais pourcentage de victoires de la ligue et n’a remporté que cinq séries de playoffs.

GARPAX CONTRE EUX-MÊMES​

Les contrariétés imprévues telles les blessures de Derrick Rose ont causé le plus de peine, mais les lésions les plus profondes relèvent de l’automutilation. John Paxson et Gar Forman ne sont pas les pires dirigeants de la ligue, mais leur mandat a trop souvent été marqué par des décisions inexplicables qui ont indéfiniment repoussé le redressement de leur organisation.

Transformer Jusuf Nurkić et Gary Harris en Doug McDermott le soir de la draft 2014, puis échanger McDermott et un second tour de draft (devenu Mitchell Robinson) pour Cameron Payne reste l’un de leurs plus beaux chefs-d’oeuvre. Penser qu’associer les opiniâtres Dwyane Wade, Rajon Rondo et Jimmy Butler à Fred Hoiberg, quasi néophyte du coaching en NBA, une douceur digne des plus grands tubes d’Ève Angeli. Un choix mal inspiré après l’autre, ils ont fini par enlever aux Bulls la déférence qu’ils généraient.

Mais aujourd’hui, la combinaison des recrues estivales, de jeunes joueurs talentueux, de future flexibilité salariale et l’éternel truisme que les grandes villes sont reines en NBA, laisse (prudemment) entrevoir un futur radieux.

La saison dernière a vu les Bulls terminé avec le cinquième plus mauvais bilan de leur histoire et leur total de victoires le plus faible depuis 2002. Si le fond a là bel et bien été touché, le développement de Coby White, Lauri Markkanen et Wendell Carter Jr. décideront de la marche en avant de leur équipe. Dans le meilleur des cas, voilà un meneur, un ailier fort et un pivot qui devraient constituer un noyau dur fait pour le jeu moderne.

Ajouter à cela Zach LaVine (24 ans), Otto Porter Jr. (26 ans) et Chandler Hutchinson (23 ans), et les Bulls pourraient bien avoir la jeune équipe la plus intrigante au nord d’Atlanta. La compétence organisationnelle est inhérente au succès en NBA mais le talent, aussi brut soit-il, demeure capital. Il peut changer la perception d’une franchise toute entière, si bien cultivé (coucou Golden State).

Avec la santé et des joueurs conservant suivant leur courbe de progression, il est est tout sauf improbable de voir Chicago batailler pour une place en playoffs. Et les additions de cet été n’y seraient pas étrangères. Thaddeus Young est l’un des défenseurs les plus clairvoyants et intelligents de la ligue. Même si Jim Boylen n’en fait pas un titulaire, sa polyvalence et son expérience débloqueront des compositions jusque là indisponibles. Partager le secteur intérieur avec lui ne sera que bénéfique à Carter et Markkanen.

OBJECTIF 2021​

Young est le prototype du couteau suisse qui se moque de ses stats et son nombre de shoots. Le genre d’altruisme qui justifie chacun des 41 millions de $ que lui doivent les Bulls sur les trois prochaines saisons. Tomáš Satoranský et ses 30 millions de $, lui aussi sur les trois prochaines saisons, serviront la même fonction de role player fiable, intelligent et désintéressé. Le fait que les troisièmes années de leurs contrats ne soient pas garanties est tout aussi crucial.

On ne sait pas quel sera le montant du plafond salarial en 2021, mais même les prévisions les plus prudentes laissent aux Bulls la possibilité de signer un free agent au contrat maximum, en ne prolongeant pas Otto Porter Jr., Young et Satoranský. S’ils venaient à se débarrasser des services de Zach LaVine, qui sera dans sa dernière année de contrat, ce sont deux free agents maximum qui pourraient rejoindre Chicago avec Markkanen, White, Carter et Hutchison entrant dans la fleur de l’âge. Toute ressemblance avec les voiliers de Los Angeles ou les filets de Brooklyn serait fortuite.

En juillet 2021, Giannis Antetokounmpo, Victor Oladipo, Bradley Beal, CJ McCollum, Kawhi Leonard, Paul George, Rudy Gobert, Blake Griffin, LeBron James ou encore Jrue Holiday seront free agents. En d’autres termes, les Bulls ont deux ans pour devenir une destination désirable aux yeux de la ligue et de ses stars. Le chemin est encore long pour masquer la médiocrité des deux dernières décennies, mais il existe. Et pour la première fois depuis la présidence de Bill Clinton, les Bulls semblent l’emprunter.