Ball Game Football US NFL

Kyle Shanahan et les 49ers ont passé la seconde

Kyle Shanahan et les 49ers ont passé la seconde 19 September 2019
Tony Avelar/Associated Press

Il aura fallu attendre sa troisième saison en tant qu’entraîneur principal, mais le jeu d’attaque de Kyle Shanahan est enfin à la hauteur de sa réputation. Les San Francisco 49ers ont deux victoires en deux matches, et peu importe la médiocrité des équipes affrontées, leur attaque tourne à plein régime. Jimmy Garoppolo est en bonne santé, et toute la ligue est mise en garde.

Les bonnes équipes trouvent mainte manières de gagner. Lors de la première semaine, les 49ers ont fait montre d’excellence offensive ici et là, mais c’est grâce à leur défense qu’ils ont finalement battu les Buccaneers 17-31. Dimanche, lors de la 2e semaine, ce sont l’attaque et la créativité de Shanahan qui leur ont permis de dominer les Bengals 17-41.

Après avoir mené les Falcons au Super Bowl et Matt Ryan au titre de MVP, les attentes étaient immensément élevées pour Shanahan lorsque John Lynch l’a choisi pour succéder à Chip Kelly en 2017. Une ribambelle de blessures plus tard, ses compétences n’ont pu aller que là où C.J. Beathard et Nick Mullens les ont conduites.

Mais ça, chacal, c’était avant. Avant cette saison et avant dimanche, où la faculté de Shanahan à orchestrer des séries avec plusieurs jeux d’avance a donné le tournis aux Bengals. Le savant mélange de duperie et play-action a résulté en 572 yards et une moyenne de 8,4 yards par jeu. Les 49ers ont eu six passes de plus de 20 yards, neuf courses de plus de 10 yards et ont converti 5 de leur 9 troisièmes tentatives. 

Mais au-delà de leurs conversions de troisièmes tentatives, c’est sur les downs précédents qu’ils ont eu leurs plus gros gains de terrains. Tout cela parce que Kyle Shanahan n’a cessé de surprendre la défense des Bengals, et ce dès le coup d’envoi.

PRENDRE LE CONTRÔLE DU MATCH

Sur leur toute première possession du match, les 49ers ont appelé trois jeux courts successifs pour gagner un premier down. Et puis, l’action suivante : feu d’artifice. 

Ce jeu était aussi la première dose de play-action de la partie, une des marques de fabrique des attaques de Shanahan. Les Bengals n’ont pas forcément mordu à l’hameçon sur ce coup-là, mais la feinte a poussé les linebackers à bouger juste assez pour que Marquise Goodwin se défasse de tout marquage. 

De la play-action en veux-tu en voilà :

Cette fois-ci, c’était 2e et 10 et juste après l’égalisation des Bengals à 7 partout. Là où certains auraient appelé un simple jeu de course, Kyle Shanahan feint de se résoudre à cela pour créer un espace entre les linebackers et les defensive backs. Goodwin s’y engouffre, Jimmy Garoppolo s’occupe du reste.

Cependant, la play-action ne se suffit pas elle-même. Pour qu’elle soit efficace, il faut impliquer les running backs dans autant de types de jeux que faire se peut. Sur le jeu suivant, Garoppolo et Shanahan optent pour une screen option. Un semblant d’écran de Raheem Mostert et des receveurs sur la droite, pour finalement servir Mostert sur la gauche. Brillant. Touchdown.

Jusqu’à cette saison, Mostert était principalement utilisé en équipes spéciales mais se retrouve désormais deuxième coureur derrière Matt Breida, depuis les blessures de Tevin Coleman et Jerick McKinnon.

Dimanche, il a montré qu’il était une menace aussi grande que ses compères, et c’est un autre enseignement des deux premiers matches des 49ers : ils ont pléthore de jeunes joueurs, rapides et polyvalents qui peuvent transformer des jeux courts en gains longs.

Si la plupart des jeux de courses des 49ers contre les Bengals avaient pour unique fonction de faire bouger les chaînes sur courtes distances, certains ont offert plus qu’initialement espéré. Matt Breida nous passe le bonjour.

DE LA TROMPERIE À LA SIMPLICITÉ

Pour tromper ses adversaires, les lignes offensives des attaques de Shanahan sont constamment mouvement, au grand dam de William Jackson, le cornerback des Bengals : “Ils ont usé de toutes les ruses du monde. Ils ont clairement joué à Madden.” Illustration dans le 2e quart-temps.

Là, une feinte de transmission au receveur Deebo Samuel, qui pousse les Bengals à se concentrer sur lui. La réalisation qu’il ne s’agissait que d’une feinte amène désordre et confusion, dont profite Garoppolo pour finalement lancer à Samuel. Effet de surprise maximum, gain substantiel. Le tout, sur première tentative et avant le point culminant d’une 1re mi-temps magistrale.

Deuxième down. Garoppolo ne jette pas le moindre coup d’oeil sur sa gauche, laissant croire que Dante Pettis venait poser un écran. Quand Pettis reçoit le ballon, pas moins de six Bengals le regardent ou se dirigent vers lui, alors qu’il a déjà prévu de le donner à Mostert. 16 yards presque trop faciles. 

Une fois tous ces jeux de tromperie établis, un simple retour à la play-action peut être dévastateur, comme ici. 

Tous les Bengals ou presque regardent dans la mauvaise direction jusqu’à la réception de George Kittle, soit beaucoup, beaucoup, beaucoup trop tard. Personne n’a vu Garoppolo sortir de sa poche pour un nouveau gain facile. 

Les Bengals sont loin d’être la meilleure équipe de la ligue, mais leur défense est aussi loin d’être la plus ridicule. Juste la semaine précédente contre les Seahawks, ils avaient limité Russell Wilson à 195 yards à la passe et Chris Carson à 46 yards à la course. La différence est que les 49ers les ont maintenus sous pression toute la rencontre, sans qu’ils ne puissent jamais anticiper le jeu suivant. La recette Shanahan. 

Il est trop tôt pour dire si les 49ers verront les playoffs. Les Rams et les Seahawks dans leur propre division paraissent mieux armés, et ont aussi gagné leurs deux premiers matches. Ils devront également faire face à des équipes d’un autre calibre que Cincinnati et Tampa Bay, mais tant que Kyle Shanahan et son attaque seront à ce niveau, cesdites équipes feraient bien de prendre note que le San Francisco nouveau est arrivé.